Tuesday, February 24, 2009

Et à propos de chalumeau...

J'ai dit que j'avais commencé avec un chalumeau à propane du Catena local (Ace, pour être tout à fait exact), qui se visse directement sur une petite bonbonne de gaz. Les résultats étaient mitigés; le verre cramait un peu, bouillait même, et puis ça prenait des plombes pour fondre une petite boule de rien du tout. J'ai donc acheté mon premier vrai chalumeau, au doux nom de Hot Head, une créature adaptée de ce chalumeau de base mais améliorée de façon à capter davantage d'air pour que l'oxygène rende la flamme plus chaude et plus nette.

Le voilà, mon cher dinosaure, le jour de sa mise au rebut

La plaque de graphite dont il est orné sert à former la perle (aplatir, arondir).

J'ai acheté une grosse bonbonne de propane, qui vit dehors sur la terrasse et que l'on relie au chalumeau par un tuyau qui passe par la porte-fenêtre entrouverte. Bill a gracieusement sacrifié une splendide planche en chêne pour combler l'entrouverture avec juste une encoche pour le tuyau. Ce système se met en place et se démonte à chaque session.

Pendant ce temps-là, mon tas grossissait et mes petites crottes de verre commençait à ressembler vaguement à quelque chose

Faut dire que c'est pas simple du tout de faire une perle correcte. Voilà comment on s'y prend.

- D'abord on enduit des tiges d'inox (les mandrins) de séparateur (une pâte liquide faite de je ne sais plus quoi mais ça empêche le verre de coller au métal) et on laisse sécher, pendant ce temps-là on se fait un thé et on téléphone à sa mère ou à sa soeur (ça prend environ une demi-heure). Ou si il est 2h du mat' en France on va vérifier ses emails (mais dans ce cas-là ça veut dire qu'il est 20h ici alors on va plutôt se servir un verre de vin). Tiens, ça commence à me rappeler la recette de la dinde au whisky (ou du poulet au cidre, c'est selon).

- On allume le chalumeau. On préchauffe légèrement le mandrin. On attrape une baguette de verre (tiens, j'ai plus qu'une turquoise, faut que j'en rachète). En tenant le mandrin bien droit (parallèle à la table) de la main gauche si on est droitier, on le place un tout petit peu au-dessous de la flamme, et en tenant la baguette de verre de la main dominante, on la chauffe doucement dans la flamme. Des fois le bout explose en petits morceaux. Ca arrive à certaines couleurs mal mélangées ou mal recuites. J'imagine que si là-bas à Murano y a une jolie pépette qui vient voir son chéri à l'atelier pour lui porter son panini de midi, tout l'atelier doit être un peu distrait et oublier de touiller le verre (ou trop le touiller?) et du coup ma baguette pète. C'est comme ça que je vois les choses.

- Quand le bout de la baguette a fondu un peu, mais avant qu'il fonde trop et qu'il dégouline sur la table, on essaie de lui trouver une place pas tout à fait dans la flamme mais pas trop loin quand même pour qu'elle continue à fondre pendant qu'on va l'enrouler autour du mandrin, comme ça:

Ici en fait je suis en train de faire une perle creuse... J'ai monté 2 disques espacés de 1 ou 2 cm et maintenant je les fais se rejoindre en ajoutant des tours.

Le plus important dans tout ça c'est 1) de continuer à respirer 2) de tourner lentement le mandrin pour que le verre se répartisse également partout.

Le truc avec le verre c'est qu'il veut se rassembler en boule, c'est comme ça, c'est son truc. Alors comme une boule de liquide reste rarement en boule tant qu'on est pas en apesenteur (un vieux rêve, hein?), il faut continuer à tourner le mandrin pour que la boule reste boule tout en refroidissant et garde sa belle forme de boule. Un jour je ferai des perles qui ne sont pas des boules (c'est ma Môman qui me l'a demandé) mais même celles-là commencent par des boules, enfin je vous raconterai.

Pour résumer, c'est la gravité qui forme la perle. La gravité est ton amie, pour citer l'adage bien connu des perliers. La masse de verre que vous avez assemblée continue à se déformer quelques secondes hors de la flamme avant de se figer. Quand elle a refroidi, sa couleur quasi définitive apparaît (jusque-là c'était une boule orange luisante). Pas toujours, car certaines couleurs ont encore besoin d'un petit coup de chaud pour se développer. D'autres finissent de mûrir dans le four à la recuisson.


Une fois qu'on a une belle forme bien ronde, on peut commencer à décorer. Ca se passe tout autour de la flamme, dessous, à côté, etc, selon les effets voulus. Pendant tout le temps de la décoration (points, bosses, lignes, etc, y a pas de limites), on ne remet pas la perle dans la flamme pour ne pas la déformer, mais on n'oublie pas de lui redonner un petit coup de chaud pour ne pas qu'elle refroidisse trop et se casse. Et puis quand on a fini, on met le tout au four. Celui-ci sera programmé en fin de session pour refroidir lentement et en paliers de 950° F à température ambiante, ce qui prend plusieurs heures.

Le lendemain matin, on ouvre le four et c'est comme le matin de Noël! Oooooh! Aaaah! Ah, mince, elle est très moche celle-là... Ah, dommage, ces deux-couleurs là vont pas du tout ensemble...

Pour en revenir au chalumeau: j'ai gardé mon Hot Head 2 ans, et puis un jour l'été dernier j'ai fait un second stage sur un chalumeau à propane et oxygène et j'ai décidé qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure. Quelle coïncidence, c'est à l'automne qu'est sorti un merveilleux petit chalumeau très performant et conçu pour les débutants ou ceux qui ne font que des petites perles et n'ont pas besoin de tonnes de chaleur. Impeccable. Il marche très bien avec un concentrateur d'oxygène de type médical à basse pression et bas débit. Deux-peccables. J'en ai trouvé un d'occase, un détendeur pour le propane, les tuyaux appropriés et roule ma boule!













Saturday, February 21, 2009

Interlude: que faire avec des perles (à part une collection qui prend la poussière)?

Sur Etsy je vends surtout des "sets", c'est-à-dire des ensembles de perles que j'ai fabriquées et regroupées selon une cohérence de couleurs et de décorations. Les sets comportent souvent une perle "focale", un peu plus décorée, de taille légèrement plus importante et assez élaborée pour être utilisée seule, en pendantif par exemple. Autour de celle-ci s'organise une alternance de perles un peu moins décorées et de perles monochromes pour alléger le tout. Mais pas toujours. Parfois j'ai la chance de voir ce que mes clientes ont fabriqué avec mes perles. L'une d'entre elle aime les utiliser à petites doses, par exemple 1 ou 3 (nombre impair de rigueur, comme avec les fleurs!) pour casser le rythme d'une ligne de pierres ou de perles métalliques ou encore de perles en bois. Elle n'hésite pas à mélanger les perles de plusieurs sets ensemble pour créer la surprise (la mienne aussi!) et la variété. Par contre, pour ce collier -que j'adore- elle a utilisé le set entier avec des perles en bois. Voici le set qu'elle a acheté:



Avec un set similaire (mais pas identique, c'est trop difficile et pas du tout intéressant), j'ai fait un bracelet pour mon copain Henri (coucou Henri!)



Ne connaissant pas la taille du poignet de la destinataire, je l'ai monté sur deux fils élastiques. Les intercalaires sont de simples disques d'argent.
Un tout autre exemple pour ces boucles d'oreilles (vendues elles aussi à mon copain Henri, merci Henri!!), faites de deux perles creuses dans lesquelles sont enfermées des perles de rocaille argenté:



Ou, encore avec des perles creuses, un collier:



Celui-ci était pour la femme de mon patron, une cliente fidèle qui décore généreusement toutes les filles de la famille ainsi que ses collègues de bureau...

Moi, je mets rarement des bijoux, mais j'aime bien m'en faire un de temps en temps pour une occasion particulière. Il m'est arrivé de les détruire ensuite pour recycler les composants!

Qu'est ce que je fais là?

C'est à cause de ma Môman qui me dit tous les jours qu'elle veut que je montre mes perles et mes bijoux avec des descriptions en français... Alors voilà, Môman, je suis là et je vais tout t'expliquer en français comme tu causes. Je vais publier des photos de perles, moins de bijoux, parce que je n'en fait plus souvent, mais qui sait, ça va peut-être me reprendre si vous me les achetez...

Mon premier blog montrait mes bijoux faits avec des perles que j'achetais très cher dans des magasins. Au fil du temps, je me suis trouvée particulièrement attirée par les perles en verre filé au chalumeau (en anglais
lampwork beads) que j'achetais à des artisans sur Ebay ou lors de bead shows (marchés aux perles) dont mon carnet de chèque sortait très déprimé. Encouragée par plusieurs amis bien intentionnés, j'ai commencé à penser que peut-être je pourrais essayer de fabriquer moi-même ces petits agobiles colorés qui me fascinaient, pour les intégrer à mes colifichets. Je me suis équipée modestement d'un chalumeau à propane (au Catena du coin), d'un assortiment de baguettes de verre de couleurs diverses et variées, d'une bible incontournable en la matière, et j'ai mis le Billou à contribution pour m'installer une petite table de travail dans la cuisine.

Mon installation de débutante

On notera: la collection de baguettes de verre qui tient dans 3 bocaux (ah! ça a bien changé), la ventilation sommaire vers le garage (les vapeurs de certains verre sont toxiques... si on les travaille 15 heures par jour), la toile de pont de Beetle Cat pour protéger le sol (si on chauffe trop vite le verre, des fois il explose! D'où les lunettes de protection). Je regarde aujourd'hui cette photo avec le souvenir ému d'un époque où on pouvait se mouvoir autour de cette table (on pouvait même encore la déplacer pour laver les carreaux, non pas que cette partie-là me manque vraiment).

Et mes permières crottes de verre



Au bout d'un mois, j'avais un petit tas de crottes de verre de toutes les couleurs



Il était temps de faire un stage.

L'opportunité s'est présentée d'un stage avec Larry Scott dans un centre d'artisanat pas trop loin de chez moi. J'avais entendu parler de lui comme d'un excellent enseignant et je me suis donc inscrite pour deux journées intensives à manipuler le verre, apprendre ses propriétés, maîtriser les techniques de base comme tirer un 'fil' pour les décorations, enrober une perle d'une couche de verre transparent pour lui donner de la profondeur, placer des points avec régularité, etc. Presque 2 ans plus tard, j'y travaille toujours, bien sûr, mais le stage m'a fait faire des pas de géant.
J'étais super fière de mes crottes améliorées, mais lucide autant sur leur finition que sur leur valeur esthétique, et je n'ai donc pas cherché à les vendre tant que je ne les trouvais pas acceptables. De plus, il fallait acquérir un four spécial qui devient votre deuxième outil de travail juste après le chalumeau en ce sens qu'il permet au verre de refroidir lentement et de gagner en solidité dans le processus. Des perles non recuites sont susceptibles de craquer sans crier gare lors d'un refroidissement trop rapide, et même longtemps après (parfois des mois!). Tout ça pour des histoires de molécules qui ont besoin de temps pour se réaligner proprement, ne m'en demandez pas plus, je ne fais que répéter ce que j'ai entendu (mais c'est vrai que j'en ai pas mal de cassées de mes premières).
J'ai donc continué à explorer et au bout d'un an au total j'ai fini par produire des choses que je jugeait vendables. Bill m'a offert mon four, une preuve que j'ai quand même le mari le plus chouette du monde, et j'ai trouvé Etsy.

J'ai ouvert mon "magasin" Etsy en janvier 2008, j'y ai déposé 4 sets de mes plus jolies perles et je me suis préparée à les y laisser pourrir pour le restant de leurs jours, étant donné la concurrence autrement plus talentueuse de mes confrères déjà bien établis. A ma grande surprise les perles se sont vite vendues et les clientes sont restées fidèles depuis.
Qui sont-elles, d'ailleurs, ces clientes? Hé ben, des dames qui font des bijoux et qui se trouvent particulièrement attirées par
les perles en verre filé au chalumeau, alors elles en achètent sur Ebay ou sur Etsy ou lors de bead shows (marchés aux perles) dont leurs cartes de crédit sortent très déprimées. J'ai une cliente qui vient d'ailleurs de s'acheter un chalumeau, sans rire. Bientôt elle me fera concurrence!

Reprenons!


Je recommence. J'avais un blog mais je l'ai laissé mourir de faim... Maintenant que je n'ai plus peur de prendre des photos, je vais re-tenter l'expérience.

Ceci est donc un post de test (ou bien un test de post).
J'y mets une vieille photo d'une vieille perle pas très très bien faite (on en verra de plus jolies), mais comme ça on sait à quoi s'en tenir.